Atelier d'écriture autobiographique

Marie-Joëlle Rupp

« Un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle »
(dicton attribué à Ahmadou Hampaté Bâ)

L’écriture biographique consiste à mettre en mots la vie d’autrui ou sa propre vie. Ecrire le vécu des parents, des proches, des anonymes ou des célébrités. Elle peut relever d’un projet individuel, intimiste, familial comme avoir des implications plus larges, collectives. L’écriture biographique contribue alors à interroger les mémoires, aider à la transmission, permettre les filiations, créer du lien notamment entre les générations et donner un surplus de sens à nos vies. Dans le contexte qui est celui de l’immigration, et notamment de l’immigration kabyle, les enjeux sont multiples et les aventures enthousiasmantes. 

L’objectif d’un tel atelier est d’abord d’inciter à la mise en œuvre de ce projet en offrant un accompagnement. Il vise à donner des clés, fournir une méthode de travail et les outils qui permettent d’approcher un témoin, de recueillir l’information, de préparer un entretien, de réaliser une interview, avant de passer à l’écriture… Il ne s’agira pas ici de former au métier de biographe mais d’apprendre à constituer un « matériau » avec lequel chacun pourra « mettre en scène » la vie de l’autre par l’écriture mais aussi par l’image, un sujet qui sera abordé.

 

Les thèmes et enseignements sont multiples : Pourquoi écrire une biographie ? Pour qui ? Apprendre à travailler sur le témoignage. Exercices de prise de notes. Choisir son sujet. La relation du biographe avec son sujet – Modalités pratiques, techniques – Le matériel – La collecte d’informations (documents, photos, lettres, articles de presse, souvenirs divers) – La préparation et les techniques de l’interview – Exercices pratiques – La transcription – Le passage à l’écriture – Mise en commun des travaux…
Dans le cadre de la préservation de la mémoire, le film Une journée au Soleil sera diffusé. Ce documentaire sur l’histoire de l’immigration kabyle en France à travers les cafés servira notamment à illustrer l’utilisation qui peut être faite de témoignages. Enfin une forme d’accompagnement ponctuel dans la réalisation des projets individuels pourra être envisagée.

Témoignages

Voici deux textes écrits par Inès Baroudi dans le cadre de l’atelier. Le premier sous la forme autobiographique du « Je me souviens » de l’écrivain Georges Perec, le second est un portrait, celui du grand-père, 
« qui tait l’Essentiel et dit le peu ».

Portrait de mon Grand-Père

Mohand Salah Baroudi, celui qui tait l’Essentiel et dit le peu.
Ses épaules sont aussi droites que sa colonne.
Sa silhouette raconte la puissance de l’honneur chez un
Homme.
Ses traits dessinent des formes qui adoucissent son regard
noirci par les soucis de l’existence.
Il a la posture d’un noble et la philosophie d’un paysan.
Mohand Salah était de ceux qui honorait l’Essentiel par le
silence et les actes discrets.
Son esprit dansait si intensément avec la vie, que sa mémoire lui a échappé.
C’est pour la Kabylie que son baroud a commencé.
Ils disaient tous qu’il avait l’Alzheimer,
Moi je sais que ce n’est qu’un mot pour cacher un plus grand malheur
Bien-sûr qu’ils l’ignorent, c’est toujours la même excuse. C’est la peur.
Quand un homme a perdu sa mémoire, que lui reste-t-il ? Mohand Salah me l’a dit dans un rêve : « l’écriture de ma fille » .

Je me souviens

Je me souviens m’être promis de raconter une histoire.
Je me souviens avoir oublié cette histoire pour me perdre dans celle des autres.
Je me souviens des secrets de famille qui ne demandaient qu’à être dévoilés.
Je me souviens de la honte que je ressentais toutes les fois où on remarquait mes « origines d’immigrés ».
Je me souviens des rôles que je prenais pour être aimé par je ne sais qui.
Je me souviens m’être trop souvent trahi.
Je me souviens que tout est passager.
Je me souviens que j’ai une Histoire à embrasser.
Je me souviens d’un pays où je n’ai jamais mis les pieds.

Enseignante

Marie-Joëlle Rupp
Marie-Joëlle Rupp a d’abord suivi des études de lettres modernes, avant de se tourner vers le droit (maîtrise en droit du travail, DEA en criminologie et pénologie à Paris 1 Panthéon Sorbonne). Essayiste, biographe Marie Joëlle Rupp a publié de nombreuses biographies, dont : Vinci soit-il, biographie du chanteur Claude Vinci, préface Gilles Perrault, Le Temps des cerises, 2006 Serge Michel, un libertaire dans la décolonisation, préface Jean-Claude Carrière, IbisPress, 2007 et Apic en 2012. 
Vigné d’Octon, un utopiste contre les crimes de la République, préface Jean Lacouture, IbisPress, 2009, Prix Paul Vigné d’Octon de l’Académie des sciences morales et politiques 2010. Théodore Monod, Appel à témoins, préface Ambroise Monod, IbisPress, octobre 2010 « Henri Alleg, Serge Michel, regards croisés sur la presse de combat », in Défis démocratique et affirmation nationale, ouvrage collectif, ed. Chihab, 2016.
En 2023 elle fait paraître Le retour de l’Africain blanc aux éditions Domens (voir ci-dessous).

Comme journaliste elle a collaboré aux pages livres du Monde diplomatique (littérature subsaharienne), au Soir d’Algérie et autres médias français et étrangers. Avec Arezki Metref, elle a cosigné le documentaire Une journée au soleil Productions, BIP TV (Berry Issoudun Première Télévision), consacré à l’histoire de l’immigration algérienne en France, à travers les cafés.

Depuis de nombreuses années Marie-Joëlle Rupp anime les rencontres littéraires de l’ACB. Son travail biographique porte sur des acteurs et témoins de l’Histoire liés à la décolonisation en Afrique et en Algérie en particulier. Tous ses personnages ont en commun un engagement humaniste et citoyen ouvert sur le monde.

Horaires & Tarif

  • 6 séances de 1h30
  • Mardi : de 18h30 à 20h00
  • Renseignements et préinscription auprès du secrétariat au 01 43 58 23 25.

A voir
Cf Lettre ACB Janvier 2023.

L’ACB a reçu Marie-Joëlle Rupp le 6 mars 2019 pour sa biographie « VIGNÉ D’OCTON ». Un utopiste contre les crimes de la République, Ed. Domens.

L’ACB a reçu Marie-Joëlle Rupp le 7 juin 2023 pour son récit « LE RETOUR DE L’AFRICAIN BLANC« La narratrice a une quarantaine d’années lorsqu’elle rencontre son père qu’elle n’a pas connu. Acteur et témoin des combats pour les indépendances africaines, il rentre au bercail chassé par les fondamentalistes religieux, Ed. Domens.