1979, les origines

En 1978-1979, une nouvelle génération inaugurait, à Ménilmontant dans l’est parisien, les premiers ateliers de culture berbère (langue et danse). Ces jeunes, désireux de faire reconnaitre leur quotidien, social et culturel, furent comme emportés dans le tourbillon de la grande histoire. Ainsi, et pour en rester aux vingt premières années, il y eut dès avril 1980, le Printemps berbère, puis l’arrivée de la gauche au pouvoir en France, la Marche pour l’égalité et contre le racisme, l’aventure des « radios libres », l’explosion musicale kabyle, le renouveau culturel en France avec l’émergence de nouveaux acteurs issus des migrations, le mouvement pour les droits de l’homme en Algérie. Dans les années 90, l’association assuma ses responsabilités : face à la montée de l’intégrisme en France et en s’engageant aux côtés des Algériens menacés dans leur pays. Idem à l’heure du Printemps noir de Kabylie en 2001…
Au commencement de cette aventure, il y eut des rencontres et la capacité d’un jeune animateur de la MJC des Amandiers, Cherif Benbouriche alias Beben à en être la cheville ouvrière. C’est à Ménilmontant, en 1978 que se croisent les pionniers de la future association, le premier cercle. Il y a là le discret Hamid Hamouma. Dès 1980, il sera le professeur de kabyle en titre de l’ACB et ce jusqu’en 1992. Il y a aussi Mohand Arav Benbraham, dit Chico, lui aussi étudiant en linguistique.

« J’ai été intéressé par la proposition de Hamid et par le travail de Chico parce qu’il faisait le lien entre nos projets et le GEB, le Groupe d’Etudes Berbères de Vincennes (Paris 8). Tout cela donnait les conditions nécessaires à la création de ces premiers ateliers de culture berbère (langue, théâtre, danse). Le coup d’envoi a été donné en mars 1979. Cela a été mis en place avec l’aide de deux autres personnes, à savoir Hacène Hirèche, prof de langue à l’époque et Ramdane Achab, qui est aujourd’hui éditeur de livres en tamazight en Algérie. En même temps, je rencontrais des gens comme Arezki Hamami qui était gestionnaire de la coopérative Imedyazen, le prolongement du GEB de Vincennes mais aussi Ferhat du groupe Imazighen Imoula, Hend Sadi ou Saïd Boudaoud » se souvient Beben.
Grâce à Chico, contact fut pris avec M’Barek Redjala, fondateur en 1972 du GEB, pour une conférence donnée dans le cadre d’une première semaine culturelle berbère organisée à partir du 19 mars 1979 à la MJC des Amandiers. Cette initiative culturelle était soutenue par les chanteurs Idir et Ferhat.

L’initiative suscitera l’intérêt, la curiosité aussi, de nombre de militants politico-culturels et autres personnalités culturelles. A commencer par Muhend U Yahya ou Farid Ben Yahia, un jeune peintre tunisien qui créera le logo de l’association : ce chandelier berbère, ce bougeoir stylisé, symbole à la fois de lumière (de connaissance), de solidarité et d’union (nord africaine), de permanence amazighe et d’égalité femme-homme.