Depuis plus de 40 ans, malgré les provocations et les arrestations, les intimidations et les tortures, les violences et le nombre de victimes – 132 morts en 2001 –, la Kabylie est le théâtre d’initiatives et de manifestations publiques, citoyennes, non violentes, inventant des formes de mobilisation collective et de désobéissance civile inédites dans l’histoire des luttes politiques et des consciences citoyennes.

Avril 1980. Le « Printemps berbère » (Tafsut Imazighen) marque l’irruption sur la scène politique algérienne d’une nouvelle génération et d’une mobilisation collective et démocratique sans précédent. Dans la foulée du Printemps berbère, sont nées la Ligue algérienne des droits de l’homme et le Comité́ national contre la torture. 1994/1995. Après une grève générale d’un mois en Kabylie, les écoliers, collégiens, lycéens et étudiants de toute la région observent la Grève du cartable, grève générale des cours et des examens durant toute l’année scolaire. Avril 2001. Suite À la mort de Massinissa Guermah, un jeune lycéen de 18 ans, éclate le Printemps noir ou Tafsut taberkant. La mobilisation se structure via les traditionnelles assemblées de village (Tajmaat) et les institutions tribales (Arouch). Indépendant des formations politiques du cru, le mouvement représente « un modèle inédit de la mobilisation collective » (Karima Slimani Dirèche). Durant les quelques cinq années qui suivront, la région « neutralisera » les représentations de l’Etat central, à commencer par la police et l’armée. 2019. La Kabylie participe du vaste mouvement national de contestation pacifique né en février, dite « révolution du sourire ». 2022. Après le drame des incendies de l’été 2021, et les conséquences dramatiques de la crise sanitaire, la Kabylie reste mobilisée face à la répression et aux arrestations (voir les rapports d’Amnesty International).

Qu’est-ce que demandent depuis des décennies ces hommes et ces femmes : la reconnaissance du fondement berbère et de la pluralité culturelle de leur pays, l’instauration d’un État de droit reconnaissant notamment l’égalité entre femmes et hommes, la libre conscience et la justice sociale.

Aujourd’hui encore, il s’agit de convaincre, pacifiquement, de marquer l’Histoire, dans ses fondements comme dans sa durée, de s’ouvrir au monde plutôt que de s’en exclure, d’élargir les horizons de l’intelligence et la palette des émotions par la culture et des initiatives collectives réinventées, par la revendication d’une conscience éclairée et d’une citoyenneté critique, ce que le poète Ben Mohamed nomme la « conscientisation ».
« La victoire est possible autrement » rappelait Ameziane Kezzar dans un entretien consacré à Muhend U Yahya (décembre 2005). De cet « autrement » il sera question à travers la figure – renouvelée ou à renouveler – de Jugurtha ; à travers les enjeux des mobilisations récentes. A travers la résistance et la résilience du Verbe, celui des poètes (Aït Menguellet, Ben Mohamed, Muhend U Yahya, Idir ou Kateb Yacine), celui des romanciers et semeurs de tamazight (Aomar U Lamara), celui de journalistes et d’universitaires engagés (Méziane Abane, Farida Aït Ferroukh) ou encore celui d’un Jugurtha, « Eternel » et nouveau !

ACB-Paris


Farid Mammeri

Ressacs

Exposition de peinture

 

Du 18 avril au 28 mai
Vernissage samedi 23 avril à 15h00

Farida Aït Ferroukh

Kateb Yacine et Debza.
Au cœur du Printemps berbère

(Koukou 2022)

L’auteure présentera son livre à l’ACB
Mercredi 20 avril à 19h00

18h15 – 19h15
Projection du film « Jugurtha » réalisé en 2005 par Mokrane Aït Saâda Diffusion en VO (Kabyle) sous-titré en français (VOSTF)
Projection du clip de la chanson « Jugurtha, l’homme qui se dressa contre Rome » de Yalan Mecili
19h30-20h30
Table ronde : « La victoire est possible autrement »


Autrement ? C’est-à-dire par la poésie, la langue tamazight et des mobilisations démocratiques, laïques, non-violentes…

Avec Aumar U Lamara (écrivain), Ben Mohamed (poète) et Meziane Abane (journaliste) Pavillon Carré de Bauouin Mercredi 27 avril de 18h00 à 20h30


Kacem Madani

Lounis Aït Menguellet :
chants d’honneur

(Hedna, 2021)

 

L’auteur présentera son livre à l’ACB
Samedi 30 avril à partir de 15h

Farid Alilat

Idir, Un Kabyle du monde

(Edition du Rocher 2022)

 

L’auteur présentera son livre à l’ACB
Mercredi 4 mai à partir de 19h