En 1996, J’ai eu le bonheur de participer à un concert donné par Idir au Zénith de Marseille et de rencontrer cet immense artiste dont j’étais un fan de la première heure. C’était A vava inouva qui m’avait délivré en 1976 ma carte d’identité kabyle.
Programmé en ouverture de rideau, dès la fin de ma courte prestation, je courus vers ma loge pour vite me rhabiller et revenir m’asseoir parmi le public afin de ne rien rater du concert.
Idir entra en scène. Magie et enchantement. Public délirant. Un tsunami ! J’étais rempli d’un bonheur extatique.
À la fin du concert, au moment où Idir commença à saluer, je me précipitai vers la sortie de scène pour l’attendre. Après un dernier salut, il quitta le plateau. Dès qu’il mit pied à terre, je lui sautai dessus, l’embrassai et lui exprimai tout mon amour et mon admiration.
– Tu as été extraordinaire, Idir ! Quelle énergie ! Quelle…
Sa pudeur légendaire prit les devants et stoppa net mon élan.
– Oh, tu sais, Mohand, je ne fais que tracer ma route.

Après deux heures de spectacle, il était d’un calme olympien. Pas une goutte de sueur. J’étais scotché devant tant de maîtrise. Le Dalaï Lama ! Sur scène comme dans la vie, la même sérénité. Comme par magie sa voix, d’un timbre béni des dieux, lui suffisait pour mettre le feu dans cinq mille cœurs.
Depuis, à chaque fois que je pense à lui, ses mots me reviennent en mémoire : « Je ne fais que tracer ma route. »
– Tu as tracé des routes si longues et si riches, tu viens de rejoindre l’autoroute qui te conduira tout droit vers l’éternité.
Bon voyage, l’artiste !
Réincarne-toi et reviens-nous vite. On a besoin de toi.


 

« Le public adule ou rejette tout de suite, il n’offre pas de seconde chance ! D’ailleurs, ce public s’est rarement trompé et c’est curieux, car si tu analyses le répertoire de la chanson kabyle, tu découvres qu’il existe un lien très fort qui unit dès le début le chanteur à son public ! »

(Idir, Actualités et culture berbères,
n° 56/57 – 2007)